
Les saisies effectuées par le commissaire de justice
Lorsqu’une défaillance de paiement se manifeste, il vous est possible de solliciter une entreprise spécialisée dans le recouvrement de créances pour traiter le dossier dans le cadre d’une démarche de recouvrement amiable. Cependant, si votre débiteur se montre récalcitrant face à l’obligation de solder sa dette, vous pouvez opter pour une procédure de recouvrement judiciaire permettant d’engager le recouvrement coercitif de la créance.
Pour ce faire, des mesures d’exécution forcée peuvent être déployées sous réserve de détenir un titre exécutoire revêtu de la formule exécutoire. Focus sur les procédures de saisie réalisables par un commissaire de justice (nouvelle dénomination de l’huissier de justice).
Cette escalade procédurale s’inscrit dans une logique progressive du recouvrement des impayés : de la négociation amiable vers l’exécution forcée. L’efficacité de cette approche dépend largement de la qualité des documents comptables initiaux et du respect des formalités légales.
Les professionnels du recouvrement maîtrisent parfaitement cette progression procédurale et peuvent vous accompagner à chaque étape pour optimiser vos chances de récupération des sommes dues.
Sommaire - juin 29, 2025
Qu'est-ce que des mesures d'exécution ?
Les mesures d’exécution concernent l’encaissement coercitif des créances. Dans le cadre de la chronologie des différentes phases du recouvrement de créances, l’étape de recouvrement forcé constitue l’ultime recours procédural. Elle intervient exclusivement lorsqu’aucune solution négociée n’a pu être établie avec votre débiteur concernant sa défaillance de paiement.
Ces dispositifs d’exécution sont étroitement corrélés au recouvrement contentieux puisqu’il demeure impossible de procéder à un encaissement forcé sans avoir préalablement engagé une procédure judiciaire. Cette démarche nécessite impérativement la détention d’un titre exécutoire muni de la formule exécutoire.
Trois vérifications fondamentales doivent être effectuées préalablement à la mise en œuvre des mesures d’exécution :
- En premier lieu, il convient de s’assurer que la créance n’est pas frappée de prescription. Le délai de prescription revêt une importance capitale dans le traitement de votre dossier d’impayé. Si des mesures d’exécution sont entreprises (par l’intermédiaire du commissaire de justice) sur une dette prescrite, les sanctions encourues peuvent s’avérer particulièrement sévères. Cette situation constitue une violation caractérisée des droits du débiteur.
- Il est indispensable de détenir un titre exécutoire revêtu de la formule exécutoire :
Cette approche méthodique garantit la légalité de vos démarches de recouvrement et optimise l’efficacité de l’intervention du professionnel du recouvrement.
Le document doit obligatoirement porter la formule suivante : « Par ces motifs, la République française enjoint et commande à l’ensemble des commissaires de justice, sur requête, de procéder à l’exécution dudit arrêt (ou dudit jugement, etc.), aux procureurs généraux ainsi qu’aux procureurs de la République près les juridictions judiciaires d’en assurer le respect, à tous commandants et agents de la force publique d’apporter leur concours lorsqu’ils en seront légalement sollicités. En témoignage de quoi, le présent arrêt (ou jugement, etc.) a été paraphé par […] »
Cette formule exécutoire confère au document sa force contraignante et constitue le préalable indispensable à toute mesure d’exécution forcée. Sans cette mention réglementaire, aucune procédure de recouvrement coercitif ne peut être légalement engagée.
L’absence de cette formule peut compromettre définitivement vos démarches de recouvrement judiciaire et vous exposer à des sanctions en cas de tentative d’exécution irrégulière. Les professionnels du recouvrement veillent scrupuleusement à la présence de cette mention avant d’entreprendre toute action coercitive.
Cette exigence légale souligne l’importance de la rigueur procédurale dans le recouvrement de créances contentieux.
- Le titre exécutoire doit avoir fait l’objet d’une signification préalable à votre débiteur défaillant
Il convient toutefois de considérer que ce délai de prescription ne s’écoule pas de manière linéaire. Il peut être interrompu ou suspendu selon certaines circonstances juridiques. Par ailleurs, une fois le titre exécutoire acquis, le délai de prescription s’établit à 10 années à compter de la date d’obtention dudit titre exécutoire.
Cette signification du titre constitue une formalité procédurale incontournable qui permet d’informer officiellement le débiteur de l’existence de la décision de justice et de ses obligations de paiement. Cette étape préalable conditionne la validité des mesures d’exécution forcée ultérieures.
La gestion rigoureuse de ces délais de prescription représente un enjeu majeur pour les professionnels du recouvrement, car tout dépassement peut anéantir définitivement les chances de récupération des créances. L’interruption ou la suspension de prescription peuvent intervenir dans diverses situations (reconnaissance de dette, citation en justice, actes d’exécution, etc.).
Cette complexité temporelle souligne l’importance de confier vos dossiers d’impayés à des experts maîtrisant parfaitement ces subtilités juridiques.
Pourquoi les saisies sont effectuées par un commissaire de justice ?
Ces procédures de saisie sont réalisées exclusivement par un commissaire de justice (ancienne appellation : huissier de justice). Ce dernier reçoit mandat pour déployer les mesures d’exécution forcée. Le commissaire de justice détient d’ailleurs l’exclusivité pour mettre en œuvre et conduire des opérations de saisie puisqu’il bénéficie d’un monopole légal. En qualité d’officiers ministériels détenteurs d’un diplôme d’État, ils possèdent une maîtrise technique approfondie des procédures de recouvrement et de la réglementation applicable, garantissant ainsi la sécurité juridique des saisies et la préservation des droits de l’ensemble des parties, qu’elles soient créancières ou débitrices.
Cette expertise professionnelle constitue un gage de qualité essentiel dans le processus de recouvrement contentieux. Le commissaire de justice veille scrupuleusement au respect des formalités légales et des délais procéduraux, prévenant ainsi les risques de nullité des mesures d’exécution.
« Art. L122-1 du CPCE : Seuls peuvent procéder à l’exécution forcée et aux saisies conservatoires les huissiers de justice chargés de l’exécution. »
Cette prérogative exclusive assure l’efficacité et la légalité des opérations de recouvrement judiciaire tout en protégeant les intérêts légitimes du débiteur.
Quelles sont les saisies les plus courantes dans le cadre du recouvrement de créances ?
Différentes modalités de saisie sont disponibles, mais la sélection de la procédure appropriée dépend de la composition patrimoniale du débiteur défaillant. Dans le cadre du recouvrement de créances de faible montant, deux catégories de saisies méritent d’être différenciées : les procédures de saisie portant sur les biens meubles incorporels et celles visant les biens meubles corporels.
Cette distinction fondamentale conditionne l’efficacité de la stratégie de recouvrement forcé mise en œuvre. L’analyse préalable du patrimoine du débiteur permet d’orienter le choix vers la procédure la plus adaptée et la plus susceptible de garantir le recouvrement effectif des sommes dues.
La nature des actifs disponibles détermine également les délais de récupération et les coûts associés aux mesures d’exécution. Les professionnels du recouvrement réalisent systématiquement cette évaluation patrimoniale pour optimiser les chances de succès de l’opération.
Cette approche ciblée s’inscrit dans une logique d’efficience procédurale visant à maximiser le rendement des démarches de recouvrement contentieux tout en minimisant les frais engagés.
Les saisies biens meubles incorporels
1. La saisie attribution
La saisie-attribution constitue la procédure la plus répandue et la plus couramment employée dans le recouvrement de créances. Cette mesure d’exécution permet d’immobiliser l’ensemble des fonds disponibles sur un compte bancaire spécifique.
Le commissaire de justice procède à la consultation du FICOBA (Fichier des Comptes Bancaires et Assimilés) afin d’identifier les comptes détenus par le débiteur défaillant, et déterminer celui sur lequel les sommes pourront être prélevées. Naturellement, lors de l’exécution de la saisie, le solde bancaire insaisissable doit impérativement être préservé.
Cette procédure présente l’avantage de la rapidité d’exécution et de l’efficacité immédiate, permettant un recouvrement des impayés souvent optimal. L’accès au FICOBA constitue un atout majeur pour localiser les avoirs du débiteur et optimiser les chances de récupération.
Le respect du solde bancaire insaisissable (SBI) garantit la protection des droits fondamentaux du débiteur tout en préservant l’efficacité de la procédure de recouvrement. Cette mesure d’équilibre assure la légalité de l’opération et prévient les recours contentieux.
La saisie-attribution s’impose ainsi comme l’outil privilégié des professionnels du recouvrement pour les créances portant sur des avoirs liquides.
2. La saisie sur rémunération
La saisie sur les rémunérations professionnelles autorise le créancier, par l’intermédiaire du commissaire de justice, à s’adresser directement à l’employeur du débiteur. Le commissaire de justice doit toutefois solliciter le tribunal compétent puisque c’est cette juridiction qui statuera sur l’opportunité de mettre en œuvre, ou non, cette mesure d’exécution.
Cette procédure spécifique nécessite une autorisation judiciaire préalable, contrairement à d’autres modalités de saisie, ce qui témoigne de la protection renforcée accordée aux revenus du travail. Le tribunal vérifie notamment la proportionnalité entre le montant de la créance à recouvrer et les revenus du débiteur.
La saisie des rémunérations présente l’avantage d’assurer un recouvrement échelonné et régulier, particulièrement adapté aux créances de montant substantiel. Cette procédure permet également de sécuriser le paiement sur la durée en captant directement les revenus à la source.
Pour approfondir vos connaissances sur cette procédure de recouvrement spécialisée, nous vous invitons à consulter notre article dédié qui détaille exhaustivement les modalités de la saisie sur rémunération.
Cette stratégie de recouvrement s’avère particulièrement efficace pour les débiteurs disposant de revenus stables et réguliers.
3. La saisie des droits d'associé et de valeurs mobilières pour les entrepreneurs
Grâce à cette procédure de saisie, le créancier peut récupérer sa créance en s’appropriant des actions et autres instruments financiers. Dans le contexte d’une saisie des droits d’associé et de valeurs mobilières, il devient possible de procéder à l’appréhension d’actions, de crypto-actifs ou des droits qu’un associé détient sur une société.
Cette modalité de recouvrement cible spécifiquement les actifs financiers dématérialisés, offrant une alternative efficace lorsque les liquidités traditionnelles s’avèrent insuffisantes. La diversification des supports financiers modernes élargit considérablement le champ d’application de cette mesure d’exécution.
L’inclusion des crypto-monnaies dans le périmètre saisissable témoigne de l’adaptation du droit du recouvrement aux évolutions technologiques contemporaines. Cette extension répond aux défis posés par la digitalisation croissante des patrimoines.
La saisie de valeurs mobilières nécessite une expertise technique particulière pour identifier et évaluer correctement ces actifs, souvent volatils. Les professionnels du recouvrement doivent maîtriser les spécificités de ces instruments pour optimiser l’efficacité de la procédure.
Cette approche permet un recouvrement de créances adapté aux profils patrimoniaux diversifiés des débiteurs contemporains.
4. Indisponibilité du certificat d'immatriculation d'un véhicule en préfecture
Une déclaration est effectuée par le commissaire de justice auprès des services préfectoraux compétents afin d’immobiliser la cession du certificat d’immatriculation. Aucun élément matériel n’est physiquement appréhendé, mais dès l’instant où le débiteur défaillant tente de céder son véhicule, l’acquéreur ne pourra pas procéder à l’établissement de la carte grise en raison de l’indisponibilité administrative tant que le propriétaire n’aura pas acquitté son impayé.
Cette procédure de recouvrement présente l’avantage de la discrétion tout en exerçant une pression efficace sur le débiteur. L’immobilisation administrative constitue un levier psychologique puissant qui incite souvent au règlement spontané de la créance.
Cette mesure d’exécution s’avère particulièrement pertinente pour les véhicules de valeur significative, créant un blocage effectif sans les contraintes logistiques d’une saisie physique. Le débiteur conserve l’usage de son bien tout en étant contraint de régulariser sa situation pour retrouver sa liberté de disposition.
Cette stratégie s’inscrit dans une approche moderne du recouvrement de créances, privilégiant l’efficacité administrative à la contrainte matérielle, tout en préservant les droits fondamentaux du débiteur.
Les saisies biens meubles corporels
Parmi les saisies sur les biens meubles corporels, nous trouvons les saisies suivantes :
1. La saisie par immobilisation du véhicule
Dans cette configuration, le véhicule du débiteur fait l’objet d’une saisie effective. Parfois cette procédure de recouvrement est mise en œuvre conjointement avec l’indisponibilité du certificat d’immatriculation du véhicule. Le véhicule peut être soit immobilisé sur la voie publique au moyen d’un dispositif de blocage, soit déplacé par un véhicule de dépannage et stocké dans un local de garde.
Cette mesure d’exécution présente un caractère plus contraignant que la simple indisponibilité administrative, privant totalement le débiteur de l’usage de son bien. L’immobilisation physique constitue une pression supplémentaire incitant au règlement rapide de la créance en souffrance.
Le choix entre immobilisation sur place et mise en fourrière dépend des circonstances pratiques et de la valeur du véhicule. Cette stratégie de recouvrement génère des frais de garde qui s’ajoutent à la dette initiale, renforçant l’incitation au paiement.
La combinaison des deux procédures (saisie physique et blocage administratif) optimise l’efficacité du recouvrement forcé en multipliant les contraintes pesant sur le débiteur défaillant.
Cette approche graduée permet d’adapter la pression exercée à la situation spécifique de chaque dossier d’impayé.
2. La saisie vente
Cette procédure de saisie concerne la totalité des biens meubles possédés par le débiteur à son domicile. Une fois récupérés, ces mobiliers feront l’objet soit d’une vente à l’amiable, soit d’une vente aux enchères publiques. Cette mesure d’exécution est moins couramment mise en œuvre. Effectivement, la valeur vénale des mobiliers d’époque et celle des biens meublants contemporains ne présentent aucune comparabilité.
Cette saisie-vente mobilière se heurte à la dépréciation généralisée du mobilier moderne, rendant souvent l’opération peu rentable au regard des frais engagés. La valeur de revente des biens d’ameublement actuels s’avère fréquemment insuffisante pour justifier économiquement cette procédure de recouvrement.
Les professionnels du recouvrement privilégient désormais d’autres modalités de saisie plus lucratives, réservant cette option aux situations exceptionnelles ou aux mobiliers de valeur patrimoniale significative.
Cette évolution témoigne de l’adaptation des stratégies de recouvrement aux réalités économiques contemporaines. L’efficience des mesures d’exécution impose de cibler prioritairement les actifs présentant un potentiel de récupération optimal.
Cette procédure demeure néanmoins un outil de pression psychologique non négligeable sur les débiteurs récalcitrants.
Une fois le titre exécutoire acquis, le créancier peut enfin prétendre récupérer son impayé par différents moyens coercitifs. Le commissaire de justice procède à l’analyse de la situation patrimoniale du débiteur, de la nature de la créance et du caractère urgent du dossier, afin de déterminer quelle procédure de saisie déployer. Avant d’atteindre cette ultime étape, il convient toutefois d’envisager le recouvrement amiable.
Le recouvrement à l’amiable présente l’avantage d’être moins onéreux et surtout plus efficient que le recouvrement contentieux. Les mesures d’exécution coercitive constituent véritablement l’ultime solution lorsque vous êtes confronté à un impayé persistant.
Cette approche progressive s’inscrit dans une logique d’optimisation des coûts et des délais de recouvrement. La négociation amiable préserve également les relations commerciales et évite l’escalade procédurale qui peut s’avérer contre-productive.
Les professionnels du recouvrement privilégient systématiquement cette démarche conciliatrice avant d’envisager les voies contraignantes. Cette stratégie graduée maximise les chances de récupération des créances tout en minimisant les frais associés.
L’expertise du commissaire de justice dans l’évaluation patrimoniale garantit le choix de la procédure d’exécution la plus adaptée à chaque situation spécifique.